Un modèle économique qui génère une politique RSE sans coût !

L’ISO 26000 définit la responsabilité sociétale comme étant la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement transparent et éthique qui:

  • contribue au développement durable y compris à la santé des personnes et au bien-être de la société
  • prend en compte les attentes des parties prenantes
  • respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes internationales
  • est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mise en œuvre dans ses relations

Elle précise l’intégration des normes de responsabilité sociétale, de gouvernance et d’éthique d’une manière plus élargie. Il ne s’agit pas d’une norme certifiable mais d’un guide de lignes directrices proposé aux entreprises ou organisations et contenant 7 chapitres.

Autres références :

  • Global Compact qui a été lancé en 1999 sous l’impulsion de M. Kofi ANNAN. Cette démarche vise à proposer aux entreprises d’adhérer à dix grands principes dans les domaines des droits de la personne, du travail et de l’environnement
  • La global reporting initiative (GRI) initiée en 1997 par le programme des nations unies pour l’environnement et la Coalition for Environnementally Responsible Economies (CERES)
  • l’Organisation internationale du travail, OIT, dont la déclaration tripartite adoptée en 1977 invite les entreprises à respecter et faire respecter les droits des travailleurs
  • l’OCDE qui promeut des principes directeurs à l’intention des entreprises multinationales (1976, révisés en 2011)

De manière simplifiée, la RSE-RSO vise à vérifier le respect des objectifs de développement durable par les diverses organisations. Le développement durable comprend trois grands pôles : économie, environnement et Société, auxquels s’ajoute la gouvernance pour piloter le tout de manière équilibrée.

Il est alors intéressant de voir si et en quoi l’économie de fonctionnalité peut contribuer à une véritable politique RSE-RSO. Comme cela est présenté ci-dessous, l’économie de fonctionnalité permet de développer un business model spécifique à l’entreprise selon son couple produit-marché de manière consensuelle à l’égard des diverses parties prenantes puisqu’il génère de la valeur pour chacune d’entre elles.

En résumé :

Responsabilité Economie de fonctionnalité
1. environnementale

–     réduit l’empreinte écologique

–     et réduit d’autant les déchets et donc la pollution

2. sociale/sociétale ·       basée sur une relation moyen-long terme, l’économie de fonctionnalité pousse au respect des parties prenantes.
3. économique

–     accroît la compétitivité et la rentabilité des entreprises

–     pousse à l’innovation

–     développe l’économie de proximité, donc les circuits courts et le lien social

4. Gouvernance

·       suppose une approche court-moyen-long terme équilibrée,

·       et donc pousse au respect des parties prenantes.

De manière développée :

  1. Responsabilité environnementale

1.1. Le modèle réduit l’empreinte écologique

Le principe de l’économie de fonctionnalité étant de découpler la valeur ajoutée de la consommation de ressources matérielles, en faisant durer les produits de diverses manières, qualité de fabrication, maintenabilité, évolutivité, l’empreinte écologique se trouve fortement réduite.

1.2. Le modèle réduit d’autant les déchets

L’économie de fonctionnalité étant intrinsèquement opposée à l’obsolescence artificielle, elle consomme beaucoup moins de ressources matérielles, ce qui conduit à moins de déchets, et maximise la réutilisation des composants usagés. Tout cela contribue à réduire substantiellement le volume des déchets. Xerox, dans ses rapports annuels a indiqué que le passage à l’économie de fonctionnalité lui avait permis de réduire de 24.000 tonnes/an ses déchets. Compte tenu du caractère polluant des composants électroniques, cette performance est remarquable.

1.3. La durabilité des biens fabriqués et dont l’usage est vendu entraîne une réduction des volumes fabriqués ; les risques liés à toute activité industrielle, particulièrement si elles sont ICPE, voire Seveso, sont alors sensiblement diminués.

1.4. Voir 3.3.

  1. Responsabilité sociale/sociétale

2.1. La durabilité du bien et le non transfert de propriété qui caractérise le modèle “économie de fonctionnalité” entraine le passage d’une relation ponctuelle et souvent conflictuelle (le vendeur cherche à vendre plus et plus cher alors que le client ne cherche pas nécessairement à acheter plus et cherche surtout moins cher ou mieux ; la pratique de l’obsolescence programmée a développé une relation de défiance) à une relation partenariale sur le moyen-long terme. La diminution très sensible de la consommation de ressources matérielles passe notamment par le recours à une main- d’œuvre de qualité, beaucoup mieux payée. Elle s’avère plus rentable que la main-d’œuvre à bas coût, celle-ci devant le rester dans le concept de l’économie de l’obsolescence pour compenser les surcoûts en énergie et matières premières. Ainsi les relations avec les salariés sont plus saines, offrent une évolution, une implication dans le développement de l’entreprise.

Cela ne peut que conduire à une amélioration très sensible des rapports entre parties prenantes, qu’elles soient internes ou externes.

2.2. L’économie de fonctionnalité favorise les relations locales ; c’est pourquoi elle a aussi été appelée économie du lien (social). Elle représente la boucle la plus courte de l’économie circulaire. Pour cette raison, elle est aussi la plus rentable mais de plus, elle invite à réduire les distances entre parties prenantes, ce qui conduit celles-ci à coopérer, à se connaître, à multiplier les liens qui commencent par être professionnels et peuvent ensuite s’inscrire dans le tissu social local.

2.3. S’insérant bien plus que tout autre dans le tissu économico-social local, l’économie de fonctionnalité contribue à revivifier le territoire en apportant emplois et recettes fiscales aux collectivités territoriales.

2.4. Étant engagée dans une relation moyen-long terme avec sa clientèle, l’entreprise ne sera pas tentée par quelques pratiques comme celles qui conduisent régulièrement à des scandales. Ces derniers sont typiques d’actes commerciaux à caractères ponctuels ou censés le rester … L’économie de fonctionnalité protège ainsi la Société et l’entreprise de ces dérives.

2.5. En réduisant sa propre dépendance aux ressources matérielles, l’entreprise contribue à réduire la dépendance du pays à ces ressources pour lesquelles la compétition est rude et pourrait conduire à des conflits ouverts.

2.6. Voir 3.3.

  1. Responsabilité économique

3.1. L’apport du modèle peut être résumé par un surcroît de compétitivité-prix et de rentabilité, d’où la formule « baissez vos prix et augmentez vos marges en même temps ! »

3.2. Il consiste aussi à rendre obsolète le marketing classique en permettant à la fois la différenciation et la domination par les coûts, ceux-ci étant abaissés, non par une augmentation de volume mais par une réduction des volumes, générant ainsi une compétitivité prix et hors prix

3.2. Le potentiel de relocalisation, donc de renaissance économique et sociale des territoires, est très fort.

3.3. Le modèle réconcilie responsabilité économique et responsabilité écologique puisqu’il est performant économiquement grâce à une baisse drastique de la consommation de ressources matérielles et par voie de conséquence, de l’empreinte écologique.

En choisissant une innovation de rupture organisationnelle (l’économie de fonctionnalité) permettant de s’adapter au nouveau cycle économique long qui se met en place, l’organisation concernée se donne aussi les moyens d’une politique RSE-RSO vraie sans le moindre coût !

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Novembre 2017